Covid-19 au Tchad : les agriculteurs s’inquiètent pour l’année prochaine

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Covid-19 au Tchad : les agriculteurs s’inquiètent pour l’année prochaine

Le Tchad est un pays à vocation agricole : son développement repose essentiellement sur l’agriculture qui est la mamelle de l’économie du pays.

agriculture tchad covid 19
Crédit photo: Malloum Louis/riz de Kolobo

La situation sanitaire que traverse le pays actuellement à cause du coronavirus boulverse notre système agricole. L’avenir des agriculteurs est incertain et rien n’est assuré quant à la sécurité alimentaire du pays pour l’an prochain. Les agriculteurs sont confrontés à plusieurs difficultés dont la première est l’accession à leurs champs.

J’évoquerai ici quatre mesures gouvernementales qui rendent impossible l’accès des agriculteurs à leurs différents lieux de laboure. Ces mesures prises par le gouvernement sont encourageantes pour lutter contre la pandémie de covid-19 mais elles ont de lourdes répercussions sur la production agricole. Le gouvernement devrait donc penser à assouplir certaines mesures, cela permettrait de soulager les riziculteurs, ils pourraient ainsi mieux profiter de la saison pluvieuse. Ces questions peuvent paraître anecdotiques mais en réalité elles sont essentielles car l’agriculture est la base de développement de mon pays. Et le salaire d’un agriculteur se joue une fois par an, une saison de perdue et c’est l’année entière qui est fichue…

Voici les quatre mesures gouvernementales qu’il faudrait selon moi rapidement assouplir :

L’interdiction de transport inter-urbain

Les voyages inter urbains sont désormais interdits sur toute l’étendue du territoire national . C’est bien évidemment une solution pour arrêter la propagation de la Covid-19, mais cela a des conséquénces néfastes pour les agriculteurs. Ceux qui sont venus en ville sont bloqués, il ne sont pas autorisés à retourner sur leur terre pour y travailler. Ils étaient venus en ville pour vendre leurs produits, pour se faire soigner, ou encore pour présenter leurs condoléances à des familles endeuillées, et maintenant ils se retrouvent au chômage technique faute de pouvoir se déplacer !

Le couvre-feu

Le décret portant l’instauration de couvre-feu dans les provinces touchées de la pandémie de Covid-19 (de 20 heures à 5 heures) rend la pratique de l’agriculture au laboure nocturne impossible. Le couvre feu ne permet pas aux jeunes qui quittent très tôt leur maison au réveil matinal de travailler autant qu’avant. Ils travaillent beaucoup plus dans la matinée au champ et l’équilibre de leur journée n’est plus le même. Il arrive aussi fréquemment que, par retard de petites occupations de désherbage, les agriculteurs travaillent au-delà des 20 heures, mais là ce n’est plus possible. Les pratiques habituelles sont donc perturbées et le rendement n’est plus le même.

La fermeture des frontières

Certains cultivateurs commerçants qui étaient partis dans les pays voisins pour vendre leurs produits. Aujourd’hui, avec la fermeture des frontières, ils ne peuvent plus regagner leur village. Ils sont nombreux à être bloqués aux frontières du Soudan, du Niger, du Nigeria ou du Cameroun. S’ils ne peuvent pas s’occuper de leur culture, et notamment la protéger avec des produits herbicides, les ennemis des plantes comme les criquets pèlerins risquent de dévaster leurs champs.

L’instauration de l’état d’urgence

L’instauration de l’état d’urgence sanitaire dans les provinces touchées de la pandémie de Covid-19 a de quoi inquiéter. Cela pourrait entraîner la famine pour l’année prochaine. La limitation de circulation des personnes et des véhicules parait démesurée et, pour beaucoup, elle n’est pas justifiée. Comme en témoigne le représentant des riziculteurs TAOZI « nous, les cultivateurs, nous allons voyager malgré l’interdiction, ce n’est pas le gouvernement qui nous nourrit’’. J’ai lu sur le site français publicsenat.fr un entretien entre Rebecca Fitoussi et Dominique Rousseau (constitutionaliste et professeur à l’école de droit de la Sorbonne Paris 1). En évoquant la situation de la France, ce dernier affirme que :

« Maintenir l’état d’urgence, c’est permettre de réprimer les manifestations ».

Bien que la situation du Tchad n’ait rien à voir avec celle de la France, je retiens cette idée par rapport au couvre-feu, car c’est à la restriction des libertés que l’on pense avant tout quand le couvre-feu parait inapproprié…

Comment maintenir des mesures de riposte sanitaire sans inquiéter les agriculteurs au Tchad ? Vos suggestions sont les bienvenues ! Merci !

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